Une soeur

Bastien Vivès nous livre une chronique des vacances d’été une sorte D’Hôtel de la plage moderne car oui le téléphone portable à fait son apparition. Même s’il n’a pas – encore – pris le dessus sur les indétrônables de la période que sont les cuites et l’amour. C’est alors pour un jeune garçon un peu introverti préférant le dessin aux activités sportives l’épreuve de la confrontation aux autres. Ce ne sont ni les premiers ni les derniers abrutis qu’il croisera. Il faut faire des choix, tenir tête ou entrer dans le jeu. Un frêle équilibre qui consiste à ne pas trop se travestir sans perdre la face. Et ce n’est que la première manche de l’épreuve de virilité. La deuxième est au moins aussi compliquée, les filles. ...

1 août 2017 ·  BD

Dora T1

Je suis faible. Je craque dès que je tombe sur de la belle ligne claire. Ce penchant coupable est certainement lié à mon goût pour le minimalisme. Et ici j’ai été servi, les dessins et les compositions, les planches, tout simplement sont magnifiques. Que ce soit les personnages – et notamment la belle Dora – les bâtiments, les objets ou même la simple reproduction de documents, tout est impeccable. L’histoire est originale, elle mêle amour et espionnage – je suis en train de me dire qu’il n’y a rien d’original dans tout ça, c’est la recette de tous les James Bond. Non ici c’est différent faites-moi confiance, je me suis cru un moment dans Strangers in Paradise même s’il est difficile de rapprocher ces deux oeuvres. On y croisera, sur fond de douce romance, d’anciens nazis et des péronistes. Ce mélange est réellement surprenant, on ne sait pas à quoi s’attendre. C’est assez curieux de voir comment les choses arrivent, l’histoire bascule progressivement sans que l’on s’en rende compte. ...

10 mai 2016 ·  BD

Le goût du chlore

Il y a bien longtemps que je lorgne sur cette BD. Je suis un grand fan de Bastien Vivès pour son talent de dessinateur évidemment, mais aussi pour sa grande sensibilité qu’il dévoile avec des albums comme Polina, Dans mes yeux1 ou encore Le goût du chlore. J’ai tout de suite été attiré par le titre, je le trouve tout simplement magnifique – alors qu’il peut paraître tout à fait insignifiant. Il me revenait parfois en tête comme ça, mais je ne sais pour quelle raison, je ne l’avais jamais lu ou acheté. Comme le personnage principal, je me suis mis à la natation sur les conseils de mon kinésithérapeute. Depuis, fort de mon expérience en milieu chloré, je me suis senti prêt à plonger dans ce livre. ...

26 mars 2016 ·  BD

Un soir au club

Un jour il a claqué la porte. Terminé le piano, le jazz et les clubs. Et tout ce qui va avec: la nuit, l’alcool et les femmes. Depuis, il s’est reconstruit une petite vie tranquille. Un travail sérieux – et ennuyeux –, une femme aimante et attentionnée – bien loin des tumultes de la passion en somme. Bref, tous les ingrédients qui l’avaient transformé en un monsieur tout le monde heureux – au moins en apparence. Puis un soir, l’occasion s’est présentée, le hasard, la tentation. C’est comme pour les fumeurs repentis, il suffit d’en retoucher une seule, rien qu’une petite et c’est reparti. Il replonge donc ou il revit, c’est une question de point de vue. ...

Bonjour tristesse

On parle beaucoup de Sagan en ce moment. Ma grand-mère était une grande lectrice et aimait Sagan. Je me suis donc mis en quête de son plus célèbre roman Bonjour tristesse et je l’ai vite retrouvé dans sa bibliothèque. Le volume en question est une réédition pourvue d’une jaquette qui a un peu – beaucoup – vieilli, notamment la police de caractère utilisée pour le titre – elle ressemble un peu à du Comic Sans MS. Mais qu’importe, c’est le contenu qui prime. ...

La patience du tigre

J’ai entendu parler de Frédéric Bernard pour la première fois lors de la sortie de Chroniques de la vigne: conversations avec mon grand-père1 – je l’avais offert à un ami (amateur de vin) et j’avais raté de peu la séance de dédicace organisée à Toulouse à la librairie Terres de Légendes. C’est d’ailleurs à l’issue d’une discussion avec le libraire que mon regard s’est posé pour la première fois sur La patience du tigre – très belle couverture. Jean-Pascal m’avait alors dit quelque chose comme “il est encore meilleur dans le noir et blanc” – en plus intelligent évidemment. J’ai fait main basse dessus lorsque je l’ai croisé pour la deuxième fois à la bibliothèque et je ne l’ai pas regretté – au moins au début. ...

22 juin 2014 ·  BD

Le bleu est une couleur chaude

La promulgation en 2013 de la loi sur le mariage pour tous n’a pas changé les esprits sur la question de l’homosexualité. C’est en tout cas ce que l’on pourrait croire en constatant le succès critique et public qu’a recueilli ce livre et son adaptation au cinéma La vie d’Adèle – il est d’ailleurs curieux d’avoir troqué un si beau titre contre un d’aussi banal. Car ce livre, si bien construit qu’il soit, n’en reste pas moins qu’une belle histoire d’amour qui se finit mal. ...

14 févr. 2014 ·  BD

Strangers in Paradise T1

J’ai retrouvé dans un carton les deux premiers volumes, parus aux éditions Le Téméraire (maison d’édition aujourd’hui disparue), de Strangers in Paradise. Cette série, connue par les passionnée sous l’acronyme SiP, est une référence de la bande dessinée indépendante outre-Atlantique. Cette reconnaissance n’a pas été facile à obtenir dans l’univers bipolaire des comics partagé entre les super-héros – surtout – et le polar – un peu. En débarquant en 1992-93 avec sa série en noir et blanc parfois qualifiée de Soap opera, Terry Moore, jusqu’alors inconnu, n’a pas eu droit au tapis rouge. Il a dû passer par la case auto-édition avant d’accéder à une reconnaissance ô combien méritée. Après avoir remporté plusieurs prix, dont un Eisner Award, il a mis un point final à la série en 2007. Le bilan est impressionnant : 19 tomes dans l’édition en VO (“full-size paperback”) ce qui représente plus de 2 400 pages dans l’édition Omnibus à paraitre – nous y reviendrons. ...

23 juin 2013 ·  BD  ♥

Les fleurs

L’histoire est toujours la même, celle du hasard, une rencontre. Si banal finalement et pourtant toujours aussi troublant. Comment une telle conjonction d’évènements a pu se produire pour aboutir à ce résultat ? Ce qui est original dans ce roman ce n’est donc pas l’histoire, j’entends la chaîne des évènements et des actions qui se produisent. Non, ce qui est intéressant, c’est ce qui se passe dans les coulisses, dans la tête des personnages. Christian Gailly nous en ouvre grand les portes et les met au premier plan, sur le devant de la scène. Alors, l’intérêt n’est plus le même car il s’en passe des choses dans la tête des gens. Une idée qui pointe son nez, un remords qui agace, un souvenir qui déboule ou une impression qui tamise de son éclairage unique une scène de la vie quotidienne. Dévoiler cette vie intérieure pour mieux comprendre les raisons, parfois complètement irrationnelles, qui animent les personnages se nomme en littérature courant de conscience. Ce procédé est parfois difficile à suivre mais permet d’appréhender pleinement la complexité de la psychologie des personnages. ...

Le dernier cosmonaute

Dès les premières pages, on pense tout de suite à Chris Ware, à son travail d’une précision quasi maniaque. Les dessins ligne claire au cordeau, les aplats de couleurs harmonieux produisent le même effet, on ne peut qu’être séduit. On retrouve d’autres similitudes comme le décor d’une petite ville américaine et l’immersion dans une lower class à la lisière de la dépression. Dans ce cadre, vivent deux jeunes gens un peu paumés voyant leur vie au travers d’un hublot. Pour Larry, c’est celui d’une fusée ou d’un casque de cosmonaute. Arrivé à la trentaine, il est encore englué dans ses rêves d’enfant instillés par l’influence d’un père aviateur. Depuis, il vit la tête dans les nuages ou plutôt dans les étoiles. ...

25 déc. 2011 ·  BD

La nuit des temps

Pour les plus jeunes qui ne connaitraient pas René Barjavel, on peut dire, sans risquer le courroux de leurs fans respectifs, que son univers est un peu similaire à celui de Bernard Werber. La science et la technologie sont souvent très présentes et constituent des éléments forts de l’intrigue. De façon plus marquée que son contemporain, Barjavel réserve souvent dans ses romans une place de choix au thème de l’amour. ...

L'écume des jours

Son peigne d’ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l’aide d’une fourchette dans de la confiture d’abricots. Colin reposa le peigne et, s’armant du coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite. Ai-je besoin d’en dire plus pour vous donner envie de lire ce livre ? Je ne peux pas m’empêcher de dire quelques mots mais je vais faire court car je n’ai pas la prétention de m’appesantir sur une oeuvre qui a été abondamment commentée. Avec ce premier extrait, vous avez eu un aperçu de la poésie et de l’originalité de ce roman mais quel en est le sujet ? Dans cet univers improbable où les associations d’idées semblent prendre vie, nous suivons celles de Colin. Colin est un jeune homme d’une trentaine d’années appartenant à la jeunesse dorée – qui ressemble un peu à celle de Saint-Germain-des-Prés. Il ne travaille pas, passe sa vie à se divertir et ne rêve que d’une chose: les filles. ...

Scott Pilgrim T1

Scott Pilgrim est un adulescent (il a 23 ans) canadien. Comme tout jeune qui se respecte il est cool, arbore une superbe mèche, joue dans un groupe de rock, fait chavirer le coeur des filles et est capable de tomber amoureux au premier regard. Au début, on pense être en train de lire une comédie romantique, certes originale, mais une comédie romantique quand même. Puis, vers la fin du livre, tout bascule dans une exagération non feinte pour nous offrir un duel théâtralisé et loufoque à la Kill Bill. ...

15 août 2010 ·  BD

Le voyage d'hiver

Se délecter de la médiocrité d’autrui reste le comble de la médiocrité. Voici une des phrases tirée du Voyage d’hiver, la cuvée 2009 d’Amélie Nothomb. La romancière belge n’est pas médiocre, loin s’en faut et je ne me réjouis pas non plus que ce livre ne fasse, selon moi, pas partie de ses meilleurs ouvrages. Classé dans la catégorie des romans non autobiographique, je le situerais entre Journal d’Hirondelle et Le fait du prince, bien loin des géniaux Hygiène de l’assassin, Cosmétique de l’ennemi et Mercure. Comme toujours chez elle, il y a des prénoms bizarres, un phrasé parfaitement maîtrisé, de très bonnes idées, une intrigue originale et un tout se déroulant dans un mouchoir de poche. On est loin de la débauche de personnages et de décors que l’on peut trouver chez certains auteurs. ...

Ni d'Eve ni d'Adam

Comme Métaphysique des tubes, Biographie de la faim et Stupeur et tremblements, ce livre est un récit autobiographique ou une autofiction se déroulant au Japon. Amélie a, au moment du récit, 21 ans et nous raconte son bonheur d’étudiante vécu juste avant l’horreur du monde de l’entreprise relatée dans Stupeur et tremblements. Son bonheur, c’est le Japon personnifié par un beau et riche jeune homme prénommé Rinri. Au travers de cette relation, la jeune Amélie nous raconte, avec beaucoup d’humour, ce pays si différent du sien. On va donc, tout au long du livre déguster avec délice de nombreuses anecdotes plus drôles, étonnantes et instructives les unes que les autres. Avec Amélie Nothomb, même de banales piqûres de moustiques prennent une autre dimension, je vous laisse imaginer ce que donne une balade en forêt… ...