Arcadie

J’ai été tellement séduit par l’écriture de La Treizième Heure, tellement étonné par une telle originalité que j’ai décidé de lire cet autre roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam. Je savais où je mettais les pieds et je n’ai donc pas été surpris de retrouver de nombreuses similitudes. Pour être honnête, je l’ai quand même été car la ressemblance est grande. Les romans se déroulent au sein de ce qu’il convient d’appeler une secte qui rassemble disons des non-conformistes – c’est un doux euphémisme – dirigée par un homme – un gourou, appelons les choses par leur nom. Au sein de cette communauté l’un des personnages principaux prénommé(e) Farah a la particularité d’être intersexué(e), c’est-à-dire qu’elle ou il se trouve à la frontière entre homme et femme, en quête d’identité. Les similitudes s’arrêtent là et les histoires sont tout de même bien différentes. ...

Dress of illusional monster T1

Ici nous n’utilisons que des matières premières d’exception pour confectionner vos vêtements à la main et sur mesure: peau de dragon, écaille de sirène ou encore poudre de corne de licorne. Chaque pièce est unique, confectionnée avec soin et garantie à vie. Les mangas sont connus pour proposer des sujets d’une variété exceptionnelle, en voici un nouvel exemple. Une jeune fille reprend l’atelier de couture de sa grand-mère au sein d’un univers fantastique. C’est une idée rafraichissante qui a le bon goût de mettre en avant l’artisanat et la durabilité à l’opposé de la fast fashion. La qualité des dessins est haut dessus du lot et chaque créature fantastique bénéficie d’une fiche descriptive – le genre de truc que j’adore. Une lecture très agréable. ...

La Treizième Heure

Je voulais lire depuis longtemps un roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam – ou l’un de ceux publiés sous son pseudonyme Rebecca Lighieri. J’avais prévu de débuter par Arcadie, mais ce roman plus récent m’est tombé entre les mains – je crois savoir qu’ils présentent quelques similitudes. Il est question d’une communauté religieuse composée de marginaux – le terme freak est aussi employé par l’un des personnage. Leurs psaumes sont des alexandrins, leur bible est écrite par les plus grand poètes. On y croise des identités de genres et des orientations sexuelles multiples. Au sein de cette communauté, le lecteur va suivre plus particulièrement son fondateur et l’histoire compliquée de sa famille. Dans cette famille non conventionnelle tout est exacerbé, comme si tout était vécu avec plus de force. ...

Intermezzo

Le roman de Sally Rooney gravite entre des pôles soumis à des mécanismes d’attraction / répulsion. Ces deux pôles sont deux frères, le plus jeune est un champion d’échecs et le plus âgé avocat. Les relations amoureuses sont au coeur du livre – on est bien chez Sally Rooney –, mais peut-être un peu moins que dans ses précédents romans, au profit des relations familiales. L’expression est éculée, mais j’ai envie de l’écrire quand même, ce roman ressemble à celui de la maturité. ...

Normal People

C’est le troisième roman de Sally Rooney que je lis, certainement le plus connu et pourtant certainement pas le meilleur. Il tire sa notoriété de son adaptation en série télé. Il faut dire qu’une histoire d’amour un peu chaude entre deux étudiants sur fond de transfuge de classe était manifestement une aubaine pour les producteurs. La série est certainement plus spectaculaire – je ne sais pas pourquoi, mais les producteurs ont tendance à mettre en avant les scènes de sexe – que le livre qui reste un campus novel somme toute très classique, sa seule singularité résidant dans l’évolution sociale des deux amants. Etant plutôt amateur de ce genre de roman, j’ai tout de même passé un bon moment. ...

Dernier week-end de janvier

Est-ce un retour de Bastien Vivès à son meilleur niveau ? Sur le plan des dessins c’est indéniable, il semble avoir atteint un pallier sur lequel il évolue avec élégance. Il a un style bien a lui à la fois dans les dessins, dans la mise en page et dans ce choix du monochrome. Le tout est d’une élégance et d’une justesse rare, et ce Dernier week-end de janvier en est un exemple. ...

19 nov. 2023 ·  BD

Dans mes yeux

Depuis le temps que j’avais envie de lire cette BD, je l’ai enfin trouvée dans la réserve de la bibliothèque municipale. Une BD que l’on pourrait qualifier d’expérimentale puisque Bastien Vivès a imaginé nous faire vivre une expérience en immersion à travers ses yeux – les yeux du narrateur et de l’auteur – d’où le titre. Si l’on était dans le domaine du jeu vidéo on parlerait de vue à la première personne. ...

27 mai 2023 ·  BD

Amalia

J’aime beaucoup Aude Picault – d’habitude quand je commence comme ça, ce n’est pas bon signe –, et j’ai suivi assez assidûment depuis des années son travail. Ce n’est pas un travail autobiographique à proprement parler, mais il s’inspire de ses expériences et de ses préoccupations du moment – ce qui est assez compréhensible. Je ne vais pas refaire toute l’histoire, mais j’en étais resté à l’évocation de la maternité dans Idéal Standard, ici elle s’intéresse à la phase d’après, la vie d’un couple d’actifs avec un enfant en bas âge et une ado à la maison – et toutes les joyeusetés qui vont avec. On a à peu près droit à tout – et à tous les clichés – la belle fille qui rêve d’être influenceuse, le petit enfant qui demande beaucoup d’énergie, le travail qui devient agile – youpi –, la libido qui décline et le tout qui mène invariablement à une grosse remise en question – pour ne pas dire une dépression ou un burn out. ...

4 nov. 2022 ·  BD

Où es-tu, monde admirable ?

Je poursuis – et termine pour l’instant – ma période Sally Rooney en enchaînant après la lecture de Conversations entre amis, celle de son dernier livre, Où es-tu monde admirable ?. Il sont à la fois similaires et bien différents. Du coté des similitudes, on retrouve le quatuor de personnages, l’amitié à la frontière de l’amour et du sexe, le personnage de l’écrivaine, la génération des personnages et l’époque dans laquelle ils vivent. Et j’oubliais le communisme. Pourquoi, cette vielle doctrine se retrouve-t-elle dans les livres de l’autrice irlandaises, reviendrait-elle à la mode ? ...

Conversations entre amis

Nous avions élaboré une blague là-dessus, qui pour tout le monde – à commencer par nous – était incompréhensible. Qu’est-ce donc vraiment qu’un ami ? Demandait-on avec humour. Qu’est-ce donc vraiment qu’une conversation ? J’ai aimé ce roman d’une façon irrationnelle. Je ne suis pourtant pas le coeur de cible – je ne parle que de l’âge – et pourtant j’ai été sensible à tous les personnages qui composent ce quatuor amoureux très intellectuel. Je me rends compte que je n’ai pas trop de références pour en parler, ou alors toujours la même qui me vient à l’esprit – désolé –, usée jusqu’à la corde, Bret Easton Ellis – là je suis plus dans le coeur de cible. Il y a une certaine similitude avec des livres comme Moins que zéro ou Les lois de l’attraction des romans de fin d’adolescence, d’entrée dans l’âge adulte – la drogue et la paranoïa en quantité bien plus limitées quand même. Autres temps, autres mœurs, au lieu d’être immergé au sein d’un groupe des années 90, c’est trente ou quarante ans plus tard, les comportements et les préoccupations ont changé. Allez, je lâche le mot que l’on entend toujours lorsque l’on parle de Sally Rooney, les milléniaux (millennials), ils ont remplacé l’ancienne génération et ont évidemment leurs préoccupations, leur mode de vie, connaissent pour certains ces moments difficiles qui marquent l’entrée dans l’âge adulte. Au sein de ce groupe, la frontière entre amitié et amour est floue et mince, le roman tourne beaucoup autour de cette notion, la monogamie ne semble plus être qu’un vestige du passé. ...

Trente ans et des poussières

Trente ans et des poussières et pas une ride – je dis ça car le livre a lui aussi désormais trente ans et des poussières (1992). Le tout début correspond exactement à ce à quoi je m’attendais. Les années 80, ça sent la cigarette et l’alcool, c’est revigorant, la vie décadente – on est assez loin du healthy des années 2020. La soirée se brisa en petits morceaux, mosaïque d’éclats brillants aux formes bizarres coagulés par l’alcool. ...

Le Chemisier

Je suis un grand fan de Bastien Vivès et je suis admiratif – et plus que ça – de son travail, mais, cette fois, je n’ai pas accroché. Je n’ai pas été sensible au second degré, à la métaphore, à l’allégorie dans ce nouvel opus. Le pitch est simple. Une jeune femme se voit obligée d’emprunter un chemisier car le sien a été souillé. A partir de ce moment sa vie va changer, elle va s’émanciper – disons ça comme ça. ...

6 mai 2022 ·  BD

Voleuse

Dès que j’ai posé les yeux sur ces dessins, je n’ai pas pu résister. Pour les qualifier, je dirais une inspiration manga avec des personnages expressifs et attachants – surtout Ella aves ses oreilles en chou et ses mimiques. Un jeu de couleur pastel très limité qui sert surtout à souligner des ambiances, un côté vintage avec des trames de points — bref c’est trop mignon. L’histoire se déroule entre lycéennes qui découvrent les sorties et les amours. Rien de renversant, mais c’est agréable à lire et plutôt bien mené. Une expérience de lecture que je ne regrette absolument pas. ...

Asphalt Blues

Graphiquement on en prend plein la vue. Que ce soit au niveau des dessins, du découpage ou des couleurs. C’est très réussi, très cinématographique, à la fois quasiment photoréaliste et à la fois stylisé. J’ai tout de suite fait le rapprochement avec Préférence Système. J’ai trouvé des similitudes dans les dessins – à minima ils ont une qualité graphique comparable – , mais aussi dans l’esthétique des personnages bien que les univers soient différents car ici l’histoire se déroule dans un futur bien plus proche de notre époque contemporaine, donc plus de l’anticipation que de la science fiction à proprement parler. ...

14 avr. 2022 ·  BD

Les Furies

Lauren Groff est une romancière américaine. Les Furies est l’un de ses romans les plus connus. Il est consacré à une histoire d’amour. Jusqu’ici rien de bien original. Sa particularité est qu’il est tourné sur le fond et sur la forme vers le théâtre et plus précisément vers la tragédie. Le roman est prenant, Lauren Groff joue avec le lecteur en lançant des fausses pistes – souvent et avec ce contre-pied elle semble nous dire “voilà la voie que j’aurais pu suivre si j’avais été une romancière conventionnelle”. Elle utilise un procédé que j’ai rarement vu dans les romans. Un autre narrateur, ou plus probablement elle-même, intervient parfois, entre crochets, pour donner des indications, contredire ou révéler en avance des éléments de l’intrigue. Ce procédé est loin d’être accessoire car le fait de l’utiliser avec parcimonie et à bon escient le rend très pertinent. Un roman intéressant, assez baroque, mas pas une révélation pour moi. ...

L’Étreinte

Une photo prise sur une plage de Cadaquès sur laquelle figure une belle silhouette en maillot de bain noir une pièce. On ne voit pas son visage caché sous ses cheveux. Mais à son attitude gracieuse, on ne peut s’empêcher d’imaginer. Qui peut-elle être, et si c’était la bonne, celle que le hasard – ou le destin – a mis sur sa route ? Si c’était le cas comment en être sûr, comment la retrouver ? Mais le hasard – ou le destin – est parfois cruel et réserve aussi de mauvaises surprises qui peuvent bouleverser une vie en quelques secondes. ...

5 mars 2022 ·  BD

Par les routes

Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Et ceux qui restent. Et c’est un peu ça l’histoire de ce livre. Deux personnages, Sacha qui vient s’installer dans une petite ville du sud de la France simplement désignée par son initiale V. pour y trouver le calme qui sera propice à son projet d’écriture et qui retrouve là, par hasard – le hasard et l’un des grands thèmes de ce livre –, une ancienne connaissance qu’il avait perdu de vue, volontairement, depuis des années, l’autostoppeur. Il ne sera pas désigné autrement – certainement car il n’est que de passage, toujours fuyant – qui, comme son nom l’indique est un nomade, un vagabond qui semble s’être sédentarisé dans cette petite ville. Il y a évidemment entre eux un troisième personnage, une femme. ...

Les locataires de l’été

Je pense – mais j’ai la flemme de vérifier – que ce titre m’a été conseillé par Frédéric Beigbeder dans son livre Premier bilan après l’apocalypse. Je ne connaissais pas du tout Charles Simmons avant de lire ce livre et le titre Les Locataires de l’été ne m’aurait pas attiré. Seule la belle couverture du Phébus libretto, illustrée par un détail d’une oeuvre d’Edward Hopper, aurait pu allumer une étincelle dans mon regard. Il est vrai que ce titre, Les Locataires de l’été, n’est pas une grande trouvaille du traducteur. Le titre original, même s’il est simple, Salt Water, me semble beaucoup plus approprié car je suppose qu’il fait précisément référence à ce passage très évocateur du livre. ...

Idéal Standard

J’avais quitté Aude Picault après une escapade en voilier (Transat) et une feria bien arrosée (Fanfare). Je la retrouve avec grand plaisir après quelques années même si elle s’est un peu empâtée, c’est l’âge. Je plaisante évidemment puisque le personnage principal de cette histoire est une infirmière en néonatalogie de 32 ans prénommée Claire. Peut-être partagent-elles toutes les deux les mêmes interrogations sur la vie de couple et les enfants. Il est vrai que la pression sociale sur ce sujet est énorme – qui plus est lorsque l’on travaille avec des nouveaux nés. Elle s’est même certainement accrue avec l’avènement des réseaux sociaux. Il faut absolument être en couple et avoir non pas un mais deux enfants – et si possible un garçon et une fille, le fameux choix du roi mis en exergue par à peu près toutes les publicités que notre regard peu croiser. L’horloge biologique bat la mesure et on le lui rappelle assez souvent. Elle va donc être tentée de s’aligner sur l’idéal standard. ...

17 déc. 2017 ·  BD

Jamais deux sans trois

Malgré un intérêt soutenu porté à la bande dessinée depuis une quinzaine d’années, je dois encore une fois constater – et bien avouer – mon ignorance. Je n’avais encore rien lu de l’illustrateur et dessinateur de BD de premier plan Jean-Claude Floch, dit Floc’h et de son compère scénariste Jean-Luc Fromental. A la bibliothèque, je suis tombé par hasard sur Jamais deux sans trois. J’ai pris une claque en feuilletant les pages de cet album. La ligne claire est élevée au rang d’oeuvre d’art. Les dessins sont somptueux, le style d’un classicisme absolu ajoute encore une touche de raffinement au graphisme de cet album qui en fait un objet intemporel, un classique instantané. ...

2 sept. 2017 ·  BD