Dernier week-end de janvier

Est-ce un retour de Bastien Vivès à son meilleur niveau ? Sur le plan des dessins c’est indéniable, il semble avoir atteint un pallier sur lequel il évolue avec élégance. Il a un style bien a lui à la fois dans les dessins, dans la mise en page et dans ce choix du monochrome. Le tout est d’une élégance et d’une justesse rare, et ce Dernier week-end de janvier en est un exemple. ...

19 nov. 2023 ·  BD

Immonde !

Une nuit quelque chose brillait sur ma table de chevet. Cette lueur étrange provenait de la couverture phosphorescente d’Immonde. Ce détail s’inscrit pleinement dans la charte graphique très marquée de cet album, faite de dessins minimalistes et d’une gamme de couleurs sombres dans une dominante de violet. Cette empreinte graphique, m’a fait penser à L’entaille, même si ce ne sont pas les mêmes ambiances, il y a une esthétique qui parvient à plonger le lecteur dans une ambiance angoissante. En l’occurrence ici, celle d’une petite ville adossée à un site d’extraction et d’affinage d’une variante de l’uranium. ...

1 avr. 2023 ·  BD

L’Homme gribouillé

Pour être tout à fait honnête, je n’avais pas fait le lien entre l’auteur – enfin l’un des auteurs avec Serge Lehman – et dessinateur de ce livre et celui d’Aâma. Et pourtant, il s’agit de la même personne, Frederik Peeters, c’est en entendant parler de son dernier livre, Oleg1, que j’ai fait le lien. J’ai des circonstances atténuantes car les registres sont totalement différents, mais quand même j’ai un peu honte. Dans L’Homme gribouillé on est dans le thriller – je ne vais pas parler de polar car il n’y a ni police, ni détective, je ne sais pas si c’est la bonne définition, mais en tout cas, c’est la mienne. Et même le thriller fantastique, où légendes et magie se côtoient, qui débute dans un Paris de fin du monde lessivé par les eaux. Je ne vais pas en dire beaucoup plus car je pourrais faire tomber le scénario à plat en le décrédibilisant alors que justement – et à mon grand étonnement – rien de tel ne se produit, il tient bon. Je ne sais pas à quoi est dû ce miracle, mais il tient. On enchaîne les pages de ce pavé sans se poser de questions, sans réfléchir, trop pris par le rythme. Et c’est presque dommage car en procédant ainsi, on ne prend pas assez le temps de contempler les magnifiques dessins, dont le côté sombre est appuyé par une technique monochrome faite de dégradés de noir, rendant avec autant de justesse les décors et les paysages que les personnages. Certainement participent-ils à cette frénésie qui s’empare du lecteur. ...

28 juin 2022 ·  BD

Le Chemisier

Je suis un grand fan de Bastien Vivès et je suis admiratif – et plus que ça – de son travail, mais, cette fois, je n’ai pas accroché. Je n’ai pas été sensible au second degré, à la métaphore, à l’allégorie dans ce nouvel opus. Le pitch est simple. Une jeune femme se voit obligée d’emprunter un chemisier car le sien a été souillé. A partir de ce moment sa vie va changer, elle va s’émanciper – disons ça comme ça. ...

6 mai 2022 ·  BD

Chroniques de l'oiseau à ressort

J’avais un tel bon souvenir de ce livre, lu il y a un quinzaine d’années, que j’ai décidé de le relire. Ce n’est pas une décision sans conséquence tout d’abord car le livre compte tout de même 850 pages et ensuite car relire – comme revoir – une oeuvre est prendre le risque de gâcher le souvenir enchanté de la première impression – il peut s’évanouir définitivement. Heureusement, j’ai évité cet écueil et cette relecture n’a fait que conforter ma première impression. Je trouve même qu’il s’agit très certainement de l’un des livres d’Haruki Murakami les plus aboutis – si ce n’est peut-être plus abouti, je n’ai pas encore tout lu, mais presque. Il contient l’essence de son oeuvre. J’ai même été surpris de constater qu’il a beaucoup de points communs avec son dernier livre, Le meurtre du commandeur: le puits / le sous-terrain, le passage entre les réalités, la présence de la guerre sino-japonaise, la disparition d’une soeur. ...

Okko T1-2

Okko est un samouraï sans maître, un ronin – je fais mon malin dès le début en employant un terme technique. Pourtant, il n’est pas seul. Il est accompagné d’un bonze – et hop un autre pour dire moine bouddhiste – ayant un fâcheux penchant pour le saké et d’un personnage très énigmatique voire même assez effrayant. On ne sait pas si c’est un homme ou un démon. Pour ajouter au mystère, son visage est toujours caché sous un masque d’Oni – décidément les recherches sur Wikipedia m’auront donné du fil à retordre, ce sont des démons, des sortes d’ogres japonais – et l’on croit bien discerner des griffes au bout de ses doigts. Pourtant, les démons ne sont pas vraiment leurs copains. Ils sont même devenus le gagne-pain de nos trois amis qui se font payer pour les chasser et débarrasser leur client de leurs méfaits. ...

17 déc. 2016 ·  BD

Le trône de fer T1

Je dois être le dernier arriéré à ne pas avoir vu tous les épisodes de Game of Thrones. Pour ne pas faire comme tout le monde, j’ai plutôt décidé de lire les livres – et le défis est de taille. Même s’il paraît qu’ils ont fait du très bon travail sur cette série télé, je n’apprécie pas toujours le travail des scénaristes qui adaptent tout en puisant dans l’oeuvre originale la matière nécessaire pour répondre au cahier des charges de toute série à succès dont les deux piliers sont le sexe et la violence. Côté violence il y a l’embarras du choix, côté sexe un peu moins, mais il y a tout de même quelques filons à exploiter. ...

La porte des enfers

Je ne vais pas tourner autour du pot et vous dire d’emblée que j’ai été déçu à la lecture de ce livre. La déception est encore plus amère car je sortais d’une très bonne surprise avec La mort du roi Tsongor. C’est vrai que le sujet est ambitieux. Traiter de la mort et des enfers, reprendre à son compte le mythe d’Orphée. Défier la mort, la seule vraie crainte de l’être humain n’est pas chose facile. ...

H.P. Lovecraft

Il s’agit bien d’un essai de Michel Houellebecq consacré à l’un de ses auteurs favoris Howard Phillips Lovecraft. H.P. Lovecraft est l’un des maîtres du récit fantastique et d’horreur. Dans ce court essai, Michel Houellebecq étudie l’homme et son oeuvre et cherche à trouver des parallèles. Ce n’est ni une biographie ni une étude approfondie de l’oeuvre mais un subtil mélange entre les deux pour n’en garder que le meilleur. Il évoque l’inadaptabilité sociale de l’auteur, ses difficultés avec l’argent et l’amour, deux sujets qui n’apparaissent d’ailleurs jamais dans l’oeuvre du novéliste de l’horreur. Il aborde surtout le problème du racisme de l’auteur catalysé par son séjour à New York où il a été forcé, à cause de ses problèmes d’argent, de côtoyer les plus modestes et notamment une part importante d’immigrés. Selon, Michel Houellebecq, ce racisme aurait nourri son oeuvre et en serait l’un des fondements. Dans les nouvelles de Lovecraft, c’est souvent un alter ego de l’auteur, par exemple un jeune professeur bien éduqué, qui est aux prises avec le mal – sous-entendu les étrangers. Cette hypothèse est corroborée par le fait que ce que Houellebecq identifie comme les “grands textes” – dont voici la liste classée par date de composition – ont été écrits après la période new yorkaise de l’auteur: ...