Le démon

C’est l’histoire d’Harry White un jeune cadre brillant dans son travail et véritable coureur de jupons à ses heures perdues. Bref, il a tout pour réussir et pourtant … Il lui arrive parfois d’avoir en fin de journée une boule au creux du ventre. Un sentiment en demi-teinte, l’impression de se sentir légèrement cafardeux sans raison apparente. Un peu comme certains dimanches après avoir passé la journée à l’intérieur à ne rien faire. Le soir venu, il peut arriver d’avoir le spleen sans trop savoir pourquoi, le regret de n’avoir rien fait, l’appréhension du lundi matin. Parfois, il lui arrive de s’emporter, de bouillir de rage. Ca lui arrive souvent après un week-end agité en prenant le métro le lundi matin, difficile de supporter ce qu’il nomme la populace qu’il trouve grouillante et puante, de se mêler à elle, d’en faire partie. Difficile aussi pour lui de supporter les petits échecs qui sont le lot quotidien d’un jeune cadre au travail: les remontrances du chef, les commérages des collègues, les rivalités, la réussite des autres. Harry sent bien que quelque chose couve et pousse au fond de lui et se sent à l’étroit mais pour l’instant il arrive à le contenir. ...

Brève histoire de pêche à la mouche

Voici un curieux petit livre, presque une nouvelle. Inclassable, insaisissable, original et troublant. C’est au départ l’histoire assez banale d’une journée de pêche entre amis. Nous sommes donc partis pour suivre ces trois hommes qui exercent le métier de psychiatre. Attention ce qui s’attendent à une promenade bucolique et ont, bien présent en mémoire, le fameux Et au milieu coule une rivière risquent d’être déçus. On est bien loin du charme simple de la journée au bord de l’eau. Très tôt dans le roman une indication est donnée, le temps n’est pas de la partie. Ca commence mal pour une partie de pêche et les les choses vont vite prendre une tournure étrange. Certaines pensées du narrateur vont peu à peu s’insinuer dans le récit, se matérialiser et venir se mêler à la réalité. Ceci m’a rappelé les “eidesis” de La caverne des idées. Il n’y a donc aucune frontière entre ce qui se passe dans la réalité et dans la tête du narrateur. Il raconte les choses comme il les perçoit sans distinction entre ce qui est réel et imaginaire. Ce n’est pas anodin car il peut parfois se passer des choses assez bizarres voire inquiétantes dans la tête des gens. Ici, cette autre face du miroir est exposée au grand jour, mêlée à la réalité afin de mettre en exergue le décalage parfois effrayant entre nos pensées et le monde qui nous entoure. C’est la rencontre fortuite avec la jeune fille du restaurant qui va être le déclencheur de ces visions – Ah ! les femmes. ...

L'homme dans le labyrinthe

Le centre d’une planète dont les habitants ont, a priori, disparu est occupé par un labyrinthe. Véritable chef-d’oeuvre d’ingéniosité en matière de pièges, d’une complexité démoniaque, ce monument constitue un barrage inviolable qui protège le coeur de la cité. Pourtant un homme se trouve au centre de ce dédale. Un court roman de SF intelligent et original, une belle réflexion sur l’homme et ses travers. Même si ce livre possède un côté “aventure” assez plaisant, nous sommes ici bien loin du space opera. La SF sert une réflexion psychologique et sociologique d’où l’Homme ne sort pas grandi. ...

Extension du domaine de la lutte

Il y a quelques temps, chez mon ami bouquiniste, je tombe sur un livre grand format, assez fin, à la couverture grise. Là, en lettre rouge, un titre que je connais bien Extension du domaine de la lutte. Bizarre, je ne savais pas que Houellebecq était chez Maurice Nadeau avant de claquer la porte au nez de son éditeur de l’époque, le trublion des milieux littéraires, Frédéric Beigbeder – alors directeur éditorial de Flammarion – pour partir chez Fayard. Bref tout ça pour dire que j’avais très envie de relire ce roman découvert lorsque j’étais étudiant. Je me souviens très bien avoir été bluffé par cette écriture, c’était quelque chose de complètement nouveau pour moi bouleversant les codes de la littérature que je connaissais. J’ai donc décidé de le relire. ...

Invisible

“Si comme moi vous lisez pour éprouver le plaisir de tomber amoureux d’un roman, alors lisez Invisible. C’est le meilleur roman que Paul Auster ait jamais écrit.” Ces propos ne sont pas de moi mais de Clancy Martin un journaliste du New York Times. C’est après les avoir lu, au dos du numéro du magasine Lire du mois d’avril, que j’ai décidé de courir acheter ce nouvel opus de Paul Auster. Même si ça me gène profondément d’être à ce point manipulable par la publicité, je ne vais pas m’en plaindre pour cette fois car je partage largement l’avis de ce journaliste américain. Je n’ai pas lu tout Paul Auster et loin s’en faut mais parmi mes lectures, dont Léviathan, il se hisse aisément sur le podium. L’alternance entre les types de narration, les époques, les personnages est un modèle du genre. Cette maîtrise dans la narration transforme ce qui, vis à vis de l’histoire, était déjà un très bon livre en un très grand. ...

Je dépasse mes peurs et mes angoisses

Christophe André le célèbre psychiatre a eu la bonne idée de s’associer au dessinateur Muzo pour illustrer son livre Je dépasse mes peurs et mes angoisses. Cette nouvelle version illustrée vient de paraître directement au format poche. Les dessins, souvent très drôles, illustrent parfaitement le propos et aident à dédramatiser les situations liées à l’anxiété, à la timidité, aux phobies, à l’angoisse et aux TOCs. Si vous souhaitez vous faire une idée, Christophe André publie en ce moment des dessins sur son blog. Ce livre constitue une bonne entrée en matière avant d’aborder, par exemple, Les états d’âmes un autre ouvrage plus abouti et plus complet du même auteur. ...

La Vague

Ben Ross est professeur d’histoire dans un lycée. A ce titre, il doit enseigner le régime Nazi à ses étudiants. C’est vraiment un sujet qui lui tient à coeur et, pour marquer les esprits, il décide d’illustrer son propos par la projection d’un film composé d’images d’archive des camps de concentration. Le film a l’effet escompté, les étudiants sont sous le choc. Il s’en rend compte et tente de les interroger et là stupeur ! Les images projetées à l’écran sont tellement choquantes que les étudiants n’arrivent pas à comprendre comment des êtres humains ont pu commettre de pareilles atrocités envers d’autres êtres humains. “C’est n’importe quoi, lança-t-il,. Comment pourrait-on massacrer dix millions de gens sans que personne s’en aperçoive ?” ...

Sa Majesté des Mouches

Si je vous dis Robinson Crusoé, Seul au monde, Lost ou même Battle Royale. Vous me répondez sans hésiter île déserte ! Sa Majesté des mouches raconte la destinée d’un groupe d’enfants livrés à eux-mêmes sur une île, après le crash de leur avion. Comment vont-ils réagir, eux qui sont seuls pour la première fois de leur vie, sans aucun adulte pour encadrer le groupe ? Les enfants ont parfois peur d’un monstre imaginaire qui aurait élu domicile sous leur lit. Imaginez alors ce qui peut passer dans la tête d’un gamin ,à la tombée de la nuit, lorsque la forêt commence à bruisser… ...

Crime

Ce roman ne sort pas de l’imagination du journaliste et écrivain américain Meyer Levin. Il relate une histoire vraie dans laquelle seuls les noms des personnages ont été changés. Ce roman est d’ailleurs l’un des premiers romans documentaires ou romans basés sur des faits réels. Truman Capote réalisera plus tard un roman du même genre, le célèbre De sang-froid1. Meyer Levin connaît très bien l’histoire qu’il raconte car il étudiait dans la même classe que les deux jeunes hommes tenant les premiers rôles de son roman : Nathan Freudenthal Leopold Jr. alias Judah Steiner Jr. et Richard A. Loeb alias Artie Strauss. Il a donc vécu cette affaire de l’intérieur et c’est peut-être pour cette raison qu’il parvient à la raconter avec autant de réussite. L’affaire en question est connue sous le nom d’affaire Leopold and Loeb. Ces deux personnes sont en fait des jeunes gens, ayant respectivement 19 et 18 ans au moment des faits, exceptionnellement intelligents. Artie Strauss, grand amateur de romans policiers, fut le plus jeune diplômé dans l’histoire de l’université du Michigan. Judd Steiner, passionné d’ornithologie et parlant plus de dix langues, étudiait le droit et s’apprêtait à entrer à la prestigieuse université d’Harvard. Tous deux fils de millionnaires, ils étaient amis et voisins dans un quartier chic de Chicago. Malgré leur situation enviable, les deux camarades sont résolus à réaliser, pour l’exploit un crime parfait. Le plus important pour eux étant qu’il soit totalement gratuit car dépourvue de toute motivation ou émotion. Ils vont donc mettre au point minutieusement l’enlèvement, la demande de rançon et le meurtre d’un jeune garçon. ...

2 janv. 2008 ·  Noir  ♥

Etat limite

Le titre qu’a choisi Pierre Assouline pour son roman est un terme plus connu sous son nom anglais de borderline. Ce terme désigne un trouble de la personnalité se situant entre la névrose et la psychose qui se manifeste généralement chez le sujet par un état cyclique. Pourquoi ce titre ? L’un des protagonistes souffre-t-il d’un tel trouble ? Pourtant, le personnage principal semble équilibré, par contre, il a la particularité d’exercer le métier rare, mais au combien intéressant de généalogiste. Son témoignage a habituellement une valeur historique ou une utilité plus terre à terre dans le cadre d’enquêtes pour héritages. Il apprendra à ses dépends que l’histoire peut aussi être utilisée comme une arme efficace et dangereuse. ...

La chaise Klumbert

Pour son premier roman, JP Christopher Malitte nous plonge dans l’univers d’un designer. Pour mieux nous ancrer dans la réalité, il emploie, à la manière d’un Bret Easton Ellis, une profusion de détails et jalonne son récit de véritables panneaux publicitaires. Humbert Klumbert est, à l’image de la chaise qu’il a créée, lisse, rigide et ses journées se ressemblent tant que l’on pourrait les empiler. Cet homme, hypocondriaque et souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (les fameux TOC), a émigré aux États-Unis non pas pour concevoir sa chaise, mais pour s’en débarrasser. Pourquoi ? Sa principale utilité serait-elle le fruit d’un hasard qu’il s’acharne tant à maîtriser ? ...