Le Poids des héros

Un flot d’émotions m’a submergé pendant la lecture de cette BD – je n’étais pas loin d’avoir les larmes aux yeux. L’histoire des grand-pères ayant vécu l’exil, la guerre et bien pire encore est émouvante, mais sa façon de se propager depuis l’enfance de l’auteur jusqu’à sa restitution sous la forme de cet ouvrage l’est peut-être encore plus. Elle traverse ainsi les générations et grâce à cette publication se transmet plus largement encore au grand public. Ce doit être une satisfaction pour David Sala, le poids de la responsabilité envers ses ancêtres doit peser moins lourd sur ses épaules. ...

13 avr. 2023 ·  BD  ♥

Eichmann à Jérusalem

J’ai croisé ce livre dans Une saison de machettes de Jean Hatzfeld et j’ai eu envie de m’y plonger. Avant de le lire, je ne connaissais ni Adolf Eichmann, ni son rôle au sein du parti Nazi pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il fait partie des fuyards qui se sont installés en Argentine après la défaite – comme bien d’autres comme Josef Mengele dont Olivier Guez avait raconté l’exil dans La disparition de Josef Mengele. Eichmann n’a pas échappé au Mossad et a été extradé clandestinement en Israël pour y être jugé lors d’un procès qui fait suite à celui de Nuremberg auquel il avait échappé. On découvre vite dans le livre, qu’il n’est pas un personnage à la hauteur de ses crimes. Il ressemble plus à un fonctionnaire zélé, un maillon très solide de la terrible chaîne. ...

Beate et Serge Klarsfeld

Juste après avoir lu La disparition de Josef Mengele, cette BD consacrée au couple Klarsfeld m’est tombée entre les mains. Ce couple est formé de Serge, qui est un français dont le père a été déporté et tué, et de Beate, qui est une jeune allemande dont les parents on fermé les yeux devant les crimes nazis et même voté pour eux. Je suis désolée pour tout cela, Serge. Tu sais, chez moi à Berlin, on évitait de parler des actes du IIIe Reich. On vivait en se voilant la face et en se donnant bonne conscience. […] Ils n’étaient pas nazis, mais ils avaient voté pour Hitler comme les autres. ...

8 oct. 2022 ·  BD  ♥

La disparition de Josef Mengele

Olivier Guez a choisi, comme l’indique le titre du livre, de traiter de la période d’après la guerre. Lorsque l’ange de la mort a fuit comme beaucoup d’autres nazis vers l’Amérique du Sud. La période des camps n’est évoquée que par épisodes, comme des reminiscences de l’horreur. Il a voulu concentrer son roman – car même s’il s’agit en grande partie de faits réels nous sommes bien dans un roman à la manière du HHhH de Laurent Binet – sur l’après guerre et la fuite des nazis – je pense à un autre très bon livre qui traite cette fois du début de la période nazie, L’ordre du jour d’Éric Vuillard. À quoi ont été occupées toutes ces années pendant lesquelles le monde entier a découvert l’horreur des camps et qui a vu se mettre en place la traque de ces grands criminels et l’organisation de leur procès. Est-ce que ces années on été l’occasion de se repentir, de faire le bien ou plutôt celles de l’égocentrisme et de la lâcheté ? ...

L’origine de la violence

Lorsque j’ai retrouvé ce livre dans ma bibliothèque, je ne me souvenais même pas de l’avoir acheté – ça commence à devenir grave – et je connaissais encore moins son auteur Fabrice Humbert. Mais le titre bien choisi m’a donné envie. Cette lecture a donc été une totale découverte pour moi. Il s’agit d’un autre roman sur la Shoah et sur le traumatisme subi par les générations suivantes, c’est-à-dire par les descendants des victimes. Je le rapproche un petit peu d’un roman célèbre, Le choix de Sophie1 de William Styron, d’ailleurs il est cité dans le livre. ...

Deuxième génération

Ce roman graphique est un récit autobiographique d’un enfant de la deuxième génération autrement dit les enfants des survivants de la Shoah. Il s’inscrit donc dans la même veine que Maus1, filiation que l’auteur revendique de façon explicite puisqu’il raconte même avoir essayé en vain de le faire lire à son père. À la différence de son illustre aîné qui abordait les deux époques (le passé dans les camps et l’après, la génération du fils), ce livre se concentre exclusivement sur la vie après les camps. Ou comment construire une famille lorsque la sienne a été décimée par les nazis. Les scènes du passé ne sont évoquées qu’à l’occasion d’histoires racontées par le père de l’auteur. ...

19 juin 2020 ·  BD

Libres d’obéir

L’oxymore qui compose le titre du livre est génial Libres d’obéir. Tout est dit et la contradiction véhiculée par cette association de deux mots antagonistes est vertigineuse. Ce livre a fait beaucoup de buzz lors de sa sortie car les journalistes ont repris en faisant – comme souvent – un raccourci un peu rapide le sous-titre, Le management, du nazisme à aujourd’hui qui pourrait être qualifié de racoleur si on ne connaissait pas le sérieux de l’auteur. Johann Chapoutot est un historien professeur d’histoire contemporaine à Sorbonne Université et spécialiste du nazisme. Il a publié plusieurs livres sur ce sujet dont le plus connu est certainement La Loi du sang. ...

Moi ce que j'aime, c'est les monstres

Celui qui s’intéresse un tant soit peu à la BD – je parle de moi avec cette formule toute faite – ne peut rater la sortie d’un tel OLNI. Et pourtant malgré le tombereau d’éloges je n’avais pas sauté le pas. Je pense que j’étais trop impressionné par l’objet, par les dessins, je n’étais pas sûr d’accrocher – l’horreur c’est pas trop mon truc. Je l’ai même eu a porté de main à plusieurs reprises à la bibliothèque sans oser l’emprunter. Et c’est un soir – tard, je n’en dirai pas plus sur les circonstances – qu’une amie très proche m’a sortie cette BD en me disant “Tu devrais la lire et me dire ce que tu en penses” – ou quelque chose du genre, mon souvenir est un peu vague. Dès le lendemain, n’écoutant que mon courage je me suis attelé à la tâche, mais j’ai mis du temps, beaucoup de temps. Chère Hélène, voici donc après plusieurs semaines – ou mois – ce que je peux en dire. ...

28 sept. 2019 ·  BD

L’ordre du jour

Ce livre nous raconte le moment où les nazis se trouvant sur le seuil des Enfers ont poussé la porte et l’ont franchie. Il s’intéresse à une période temporelle très courte en comparaison du vaste carnage qui va suivre. Lorsque les nazis ont préparé et réalisé l’annexion de l’Autriche, opération connue sous le non d’Anschluss, début d’un long processus destructeur qui mènera à l’horreur que nous connaissons. Au sein de cet espace-temps, Éric Vuillard met en lumière deux choses. La première, celle par laquelle débute ce livre avec la montée solennelle des 24 chefs d’entreprise le long du grand escalier est la contribution de l’économie allemande à l’effort de guerre. Ça c’est la version consensuelle. L’auteur préfère montrer comment ces capitaines d’industrie ont accepté sans broncher de mettre la main au portefeuille pour financer les projets des nazis et comment ils ont été payés en retour à grand renfort de main d’oeuvre gratuite et corvéable à merci puisque prise directement dans les camps. Dans ces conditions, elle ne durait pas longtemps, mais qu’importe, les nazis étaient là pour réapprovisionner. ...

L'Eté de cristal

L’été de cristal est le premier volet d’un triptyque, connu sous le nom de La trilogie berlinoise, qui a pour protagoniste principal un détective privé dénommé Bernhard Gunther. Pour l’instant ça ne fait pas rêver, on se croirait presque dans un épisode de Derick mais attendez la suite. La particularité réside dans le contexte servant de cadre à ces histoires. Elles se déroulent en Allemagne pendant le IIIme Reich. L’été de cristal / la nuit de cristal, le parallèle est plutôt facile voire un peu grossier. Ce manque de finesse n’est pas imputable à l’auteur mais à un choix éditorial un peu trop marketing – chacun ses goûts – puisque le titre du livre était à l’origine Les violettes de mars. Ce titre qui ne vous dit peut-être rien – c’était mon cas – est tiré d’un terme désignant les adhérents tardifs au parti Nazi. C’est à dire ceux qui se sont ralliés à la cause des plus forts une fois qu’ils ont été au pouvoir. ...

La flèche du temps

La flèche du temps est une expression qui a été employée par Eddington pour désigner la perception par l’être humain du sens ou de la direction de l’écoulement du temps. C’est tout le principe de ce livre que d’en inverser le cours. Martin Amis a imaginé raconter la vie d’un homme à l’envers, de son lit de mort à sa naissance. Il ne s’est pas contenté de raconter les évènements dans l’ordre chronologique inverse mais a poussé le concept assez loin en narrant toutes les actions comme on pourrait les voir dans un film projeté à l’envers. On ne paie pas avant de repartir avec ses courses du magasin mais on les apporte au magasin et l’on reçoit de l’argent en échange. Sans déflorer l’histoire, il s’avère que l’homme en question n’a pas un passé ou un futur – selon le point de vue – très glorieux. C’est le moins que l’on puisse dire. ...

Immergés T1

Immergés raconte l’histoire de 19 sous-mariniers allemands à la veille de la seconde guerre mondiale. Ce tome est centré sur l’un deux, Günther Pulst le maître diéséliste du navire. L’ambiance à bord dans cet espace confiné est particulièrement malsaine et oppressante. L’une des phrases du livre, reprise en quatrième de couverture, résume à elle seule cette situation : Les hommes à bord, c’est comme le pain. Après deux mois en mer, il reste que le moisi. ...

20 oct. 2010 ·  BD  ♥

La Vague

Ben Ross est professeur d’histoire dans un lycée. A ce titre, il doit enseigner le régime Nazi à ses étudiants. C’est vraiment un sujet qui lui tient à coeur et, pour marquer les esprits, il décide d’illustrer son propos par la projection d’un film composé d’images d’archive des camps de concentration. Le film a l’effet escompté, les étudiants sont sous le choc. Il s’en rend compte et tente de les interroger et là stupeur ! Les images projetées à l’écran sont tellement choquantes que les étudiants n’arrivent pas à comprendre comment des êtres humains ont pu commettre de pareilles atrocités envers d’autres êtres humains. “C’est n’importe quoi, lança-t-il,. Comment pourrait-on massacrer dix millions de gens sans que personne s’en aperçoive ?” ...

Le rituel de l'ombre

Tout d’abord, il faut savoir que ce roman a été rédigé par un duo improbable composé d’un maître franc-maçon, Jacques Ravenne (c’est un pseudonyme), et d’un journaliste ayant enquêté sur les dérives liés à l’ordre, Eric Giacometti. Le rituel de l’ombre est le premier opus d’une série mettant en scène le personnage récurrent du commissaire Antoine Marcas. Ce commissaire, comme vous devez vous en douter, est lié de très près à la franc-maçonnerie. Il a été élevé au grade de maître au sein d’une loge. Durant cette aventure, il se retrouve mêlé, bien malgré lui, à une affaire trouvant ses origines durant la deuxième guerre mondiale. Les francs-maçons sont à nouveau menacés par leur ennemi de toujours. Tout au long du roman, les échanges entre Marcas et les autres protagonistes sont prétextes à évoquer l’univers de la franc-maçonnerie. Ils constituent également un habile moyen d’exposer les différents points de vues sur un sujet aussi controversé que celui-ci, et de poser une fois de plus l’inévitable question : Les francs-maçons sont-ils les bienfaiteurs de la société ou au contraire une communauté de nantis se rendant mutuellement des services ? ...

La part de l'autre

Comment imaginer que même le pire tyran aurait pu être un autre ? Emettre l’hypothèse que l’Homme n’est pas intrinsèquement mauvais, que c’est la vie qui le transforme. C’est le pari risqué que tente ici Eric-Emmanuel Schmitt en s’attaquant au chef de file des nazis. Pour démontrer sa thèse, il utilise un genre particulier d’uchronie. Dans ce roman, la séparation entre les deux Histoires a lieu au cours du récit. Afin de mettre en perspective les deux univers résultants – la réalité historique et la fiction –, l’auteur nous propose de suivre en parallèle le parcours d’Adolphe et d’Hitler. De ce fait, tout en revivant les horribles évènements de l’Histoire aux côtés d’Hitler, nous observons les choix de son double fictionnel Adolphe. ...